Foisonnante c’est l’épithète à employer pour désigner la démarche d’Axel Morin, jeune photographe et réalisateur parisien représenté par Frenzy Paris et Frenzy Picture. Des portraits d’inconnus photographiés dans les rues, aux spots publicitaires pour des marques de luxe, au clip d’Eddy de Pretto ou encore à la promotion de Vampires une série Netflix, la patte du plasticien est facilement identifiable.

Que ce soit en argentique ou en numérique, muni d’un appareil photo ou d’un iphone, le grain/bruit de l’image scintille, amorçant dès lors le crépuscule d’une soirée sans fin, où hommes et femmes évoluent stoïquement dans un espace urbain ou industriel, dont émane une mélancolique inertie. Comme incapables de se mouvoir, c’est la caméra qui en prend l’initiative et opère un ballet pour rapprocher l’œil des corps, comme c’est le cas pour la campagne Boycott X Saint Laurent.

Surcadrages, split screens, zooms intempestifs ou simples travellings avant sont autant de moyens mis en œuvre pour briser le quatrième mur séparant les acteurs/mannequins du spectateur. Ils soulignent ainsi la joute, ou bataille de regards qui a démarré dès la première mesure martelée par un lugubre synthétiseur. On plonge alors, bon gré mal gré, dans les travers de l’image, on s’immisce dans une intimité offerte non sans grâce mais presque volée.
En plus de magnifier ces divers portraits, Axel Morin expose également volontairement ce qui est souvent dissimulé une coupe, une fin de pellicule, le pas (cette bande noire séparant deux photogrammes) ou encore le timecode délirant d’un logiciel de montage. Il crée des samples d’images redondantes, constituant des plans séquences désastreusement contemplatifs, et c’est envoûtant !